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Qwant Maps, et après ?

Qwant Maps, l'une des seuls cartes en ligne moderne hors GAFAM, n'est plus. Heureusement, la relève est là.

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OpenStreetMap est souvent présentée comme le Wikipedia des cartes. C'est vrai, dans le sens où comme Wikipedia, tout le monde peut l'améliorer. Alors que Wikipedia est une cartographie mondiale de la connaissance écrite, OpenStreetMap est une carte tout court, avec ses communautés nationales ou linguistiques.

Comme Wikipedia où la communauté francophone tient la troisième place derrière les communautés anglaise et allemande, la communauté OpenStreetMap France est forte, se hissant sur le podium de l'activité (contributeurs et contributions) de contribution aux maps.

Les statistiques de contributions ne disent pas tout, mais beaucoup quand même !

En toute logique, l'association OpenStreetMap FR organise une conférence nationale de référence et même probablement la prochaine conférence internationale à Paris !

Présentation du projet Cartes au State of the Map 2024

Le Wikipedia des cartes n'a pas de qu'une tête

Contrairement à Wikipedia.org, l'interface openstreetmap.org, point d'accès officiel aux données de la base de données OpenStreetMap n'est pas réputée pour sa modernité.

Pour ces raisons, c'est davantage via des interfaces tierces qu'OpenStreetMap touche le grand public : sur Android, OrganicMaps a atteint 1 million d'utilisateurs en fin 2023 et propose une alliance de modernité et de sobriété (cartes hors ligne) qui plait bien au-delà d'un cercle d'amateurs de cartes libres.

Rien d'anormal à cela, c'est même plutôt l'objectif : OpenStreetMap a d'innombrables visages, généralistes ou spécialisés, où les données d'OpenStreetMap sont diffusées. Tout projet peut se le permettre, tant que l'obligation de retribution des améliorations est respectée.

Au-delà d'OrganicMaps, il y a l'application mobile plus experte et personnalisable OsmAnd, la toute nouvelle initiative publique Cartes de l'IGN, ainsi que tous les produits commerciaux qui embarquent des données OpenStreetMap à commencer par la plus grosse, Apple Maps, la française Mappy rachetée par la RATP en 2024, ou encore la probable future Microsoft Maps (croyez-vous vraiment que le M des GAFAM et ses 3000 milliards de valorisation boursière va rester sur son médiocre Bing Maps ?).

Et sur le Web ?

Pourtant, en ligne et libre, il n'y avait pas grand chose. D'autant plus quand il s'agissait d'aller au-delà du monde OpenStreetMap via l'intégration d'autres fonctionnalités essentielles comme les transports en commun, ou les images de rue 360.

C'est là qu'est apparue en 2018 Qwant Maps, le pendant cartographique de ce qui était financé et annoncé comme le moteur de recherche européen phare.

Entièrement libre, basée sur des technologies modernes (cartes vectorielles, technologie Web récente), Qwant Maps a tourné 6 ans, avant que le nouvel actionnaire de Qwant, OVH, ne décide de tuer ce projet en avril 2024, malgré la belle réputation qu'elle s'était construite dans les cercles probablement trop restreints de la communauté OpenStreetMap.

L'histoire ne dit pas encore s'il s'agit d'une fermeture définitive ou d'une fermeture du code pour lancer un nouveau produit dans le cadre de son rêve de "Google européen". Sera-t-il repensé ? Commercial ?

Capture de Qwant Maps, aujourd'hui inaccessible

Qwant Maps, la suite immédiate

Les cendres d'un projet libre sont pourtant souvent fertiles : en parallèle de la fin de Qwant Maps, commençait l'aventure Cartes largement inspirée de la preuve de faisabilité fournie avec brio par l'équipe de développeurs de Qwant Maps : une carte Web moderne, jolie et utile, basée sur OpenStreetMap, pouvait être publiée sur le Web sans exiger que l'utilisateur ne doive la télécharger depuis le store de l'un des deux... GAFAM, Apple et Google qui écrasent le marché de la carte numérique.

Les fonctionnalité de base de recherche d'un lieu sont présentes sur cartes.app

Un maximum de photos venant de projets libres sont intégrées sur Cartes

Une couverture nationale des transports en commun : un des objectifs principaux du projet Cartes

Repousser les limites du Web, l'app store universel

Dans le monde du développement, il est courant d'entendre que le Web n'est pas assez mature pour accueillir une application mobile moderne de cartographie.

Notre premier constat en développant Cartes, c'est plutôt que trop peu de personnes y ont cru : à titre d'exemple, afficher une position directionnelle (dans quelle direction je marche et j'oriente mon téléphone) était impossible sur le Web mobile... jusqu'à ce que ça le soit grâce à quelques lignes de code d'un contributeur anonyme.

Il s'agit souvent davantage d'un manque d'investissement dans le Web — plateforme dont les propriétaires ne captent pas 30 % des ventes — que de limitations techniques réelles.

Vie privée : rien à signaler (ou presque)

L'équipe de Qwant a toujours mis en avant son respect de la vie privée : nous les rejoignons dans ce combat.

Nous allons un peu plus loin, à rebours des choix du moment qui conduisent beaucoup de sites (dont la plupart des médias) à bourrer leur site de 800 traqueurs de pub : sur Cartes, pour l'instant, nous ne suivons même pas l'audience du site !

Tout n'est pas encore parfait : nous dépendons de MapTiler pour les fonds de carte, mais c'est une entreprise Suisse que nous payons et qui ne collecte pas de données. Nous utilisons temporairement d'autres hébergeurs tiers pour des raisons pratiques, mais nous sommes transparents à leur propos.

L'intégralité du code source de Cartes est ouvert, inspectable, corrigeable. Nous sommes également prêts à donner accès à nos serveurs à tout tiers de confiance qui désirerait s'assurer que le code déployé est bien celui qui est public.

Une carte plateforme ?

La promesse de Cartes reprend une grande partie des fonctionnalités de feu Qwant Maps, à l'exception de l'intégration de services privés tels que Tripadvisor.

Son périmètre géographique est par volontairement réduit pour être réaliste : la France hexagonale, où la plupart d'entre-nous Français passons 99 % de notre temps.

Par bien des aspects, Cartes innove par rapport à Qwant Maps : intégration du projet public Panoramax, construction d'un serveur de plans et de calcul d'itinéraire en transport en commun multimodal (pour éviter de reposer sur l'unique API commerciale désormais privée), multiples fonds de carte pour tous les usages (satellite, randonnée, nature, neige et montage, IGN, rail, vélo).

Les fonds de carte actuels

Au coeur de l'ambition de Cartes, il y a l'écologie : aider les Français à voyager sans pétrole et sans détruire notre plus beau bien commun, notre planète. Il est temps de ne plus construire des cartes avec la vision d'un automobiliste. C'est une ambition différentiante.

Il est bon de le rappeler : une carte est une vision du monde basée sur la proximité. Alors que les moteurs de recherche nous offrent une liste plate de liens triés par pertinence sémantique (sauf quand ils se bardent de publicités cachées), les cartes proposent une vue ancrée sur le territoire et ses réalités locales où la bataille pour la première place dans la liste, forte de ses deux dimensions, ne doit pas forcément avoir lieu, et surtout pas en reposant sur la taille de la tirelire des commerçants.

Tester Cartes

Cartes est déjà en ligne, en version 0.4. La v1 est prévue pour la fin d'année 2024.

Comme Qwant Maps, Cartes est entièrement libre et les contributions sont bienvenues 😉.

Si le contexte général du projet vous intéresse, la vidéo de présentation le présente en commençant par les motivations politiques.

Vous êtes pressés ? Parcourez en diagonal le support de présentation.

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